Le Pau Motors Festival, à l’occasion du 79e Grand Prix de Pau (6, 7 et 8 mai), sera entièrement tourné vers la transition énergétique et la future neutralité carbone dans les transports. Durant quinze jours en centre-ville, jusqu’au Pau Classic Grand Prix (20, 21 et 22 mai), un ensemble de présentations et de démonstrations interactives dans un Village des Mobilités offriront au public l’opportunité de découvrir ou mieux connaître les nouvelles sources d’énergie. Dès 2050 en Europe, et avec dix ans d’avance dans la cité paloise, elles devront permettre d’atteindre cet objectif de neutralité carbone. Mais elles existent déjà au présent.
Sur la piste, dans les rues de Pau, les différentes formules de course mettront en évidence cette mixité énergétique, promesse d’une décarbonation des transports au bénéfice de la réduction des émissions de CO2 et de la lutte contre le réchauffement climatique :
- Coupes du monde FIA des Voitures de Tourisme WTCR avec un carburant durable à 65% et ETCR à motorisation 100% électrique avec recharge des batteries dans une station alimentée à l’hydrogène.
- Renault Twingo de la Coupe Adour Océan by Twin’Cup utilisant le biocarburant E85.
- Monoplaces du Championnat de France FFSA de F4 avec un moteur thermique fonctionnant pour la première fois au monde avec un biocarburant 100% bas-carbone. Produit par la société Repsol en Espagne, il diminue de 70% les émissions de CO2 par rapport à l’utilisation d’un carburant conventionnel d’origine fossile, sans réduire les performances des monoplaces Mygale F4. Les résultats positifs des essais d’avant-saison et les premières courses très disputées du championnat de France FFSA 2022, lors des récentes Coupes de Pâques sur le circuit de Nogaro, l’ont démontré.
Mais que sont ces nouveaux carburants non-fossiles dits « bas-carbone » qui viendront en complément de l’électrification des véhicules (100% électriques et à hydrogène), et à partir de quelles ressources sont-ils produits ?
Alain Mathuren, directeur de la communication de FuelsEurope, consortium de producteurs de carburant comme les pétroliers TotalEnergies, Repsol ou Aramco qui soutiennent l’événement Pau Motors Festival, l’explique. « La caractéristique commune de ces carburants est que, contrairement à l’E85-éthanol qui nécessite une petite installation spécifique, on peut aujourd’hui les utiliser tels quels dans n’importe quelle voiture aux normes Euro 5 et 6, sans aucune manipulation technique à effectuer. En changeant simplement de carburant, on pourra être aussi performant en termes de développement durable qu’un modèle électrique, voire plus. En 2030, deux cents millions de véhicules en Europe continueront de fonctionner avec un moteur thermique, il faudra bien les décarboner également ; on ne peut pas mettre tout simplement le moteur thermique à la casse, c’est une question sociale et économiquement responsable. A la seule condition qu’il soit associé à des carburants bas carbone qui permettront à beaucoup de gens n’ayant pas les moyens d’acquérir une voiture neuve ou 100% électrique de continuer à rouler, tout en contribuant à leur manière aussi à l’effort de décarbonation. »
On divise ces carburants bas-carbone en deux grandes familles : les bio-carburants durables ou les carburants synthétiques.
« Les premiers, détaille Alain Mathuren, sont issus de la biomasse : résidus agricoles ou forestiers. Je précise bien : résidus ! Pas de déforestation intensive, mais récupération des déchets végétaux liés à une bonne gestion de l’entretien d’une forêt et des coupes de bois. Pas non plus de champs de blé ou de maïs spécifiquement dédiés à la production de carburant, mais utilisation de tout ce qui reste et ne sera pas nécessaire à l’alimentaire, plutôt que ce soit jeté ou brûlé. On saura en faire ensuite un carburant liquide d’origine non-fossile.
Une autre ressource concerne les déchets organiques municipaux : peaux de bananes, huiles de cuisson usagées ou même industrielles… On peut tout transformer pour donner une chaîne chimique qui correspond à celle du diesel ou de l’essence. Les carburants synthétiques proviennent de la recomposition de tous les éléments nécessaires à la fabrication d’un carburant fossile, avec exactement la même structure chimique. Mais pour rester dans le développement durable, on a d’abord besoin d’électricité verte d’origine hydraulique, éolienne ou solaire. Auquel on ajoutera un CO2 récupéré et recyclé directement depuis l’atmosphère ou à la sortie des industries, qui émettent du CO2 – une bonne partie de la production d’électricité dans le monde fait encore appel au charbon. On entre ainsi dans un cercle vertueux. De grandes unités de souffleries vont aspirer l’air puis par opération chimique, on sépare l’oxygène et le CO2. Schématiquement, on garde ensuite le CO2 et on remet l’air en place !
La production des carburants synthétiques sera probablement la plus longue à organiser mais la biomasse, elle est là ! Il n’y a qu’à réunir les bonnes conditions économiques et de production pour sa transformation en carburant bas-carbone et son utilisation généralisée. Toutes les compétitions automobiles sont pour nous une vitrine pour parler de ces carburants, conclut Alain Mathuren pour FuelsEurope. En participant au Pau Motors Festival, nous avons fait le choix de pouvoir nous adresser au grand public. Dans le Village des Mobilités, les visiteurs pourront, par exemple, découvrir notre comparateur d’émissions prenant en compte la production de l’énergie, du véhicule et ses éventuelles batteries, de la combustion et mesurer le tout entre une automobile électrique ou hybride, un 100% diesel ou un modèle avec carburant bas-carbone alternatif comme l’huile végétale hydrotraitée que l’on trouve déjà dans certains pays européens. »