Médecin du Grand Prix dans ces jeunes années, devenu président de l’ASAC Basco-Béarnais et donc organisateur du Grand Prix pendant 25 ans, Jean-Paul Pasquet a enfanté les plus belles heures de l’ère moderne : le passage réussi de la Formule 2 à la Formule 3000, épreuve phare pendant 13 ans, le virage assuré vers la F3 Euro Séries, le graal mondial du WTCC. A la veille du 80e Grand Prix, Jean-Paul Pasquet se souvient…
Vous souvenez-vous de votre premier Grand Prix ?
- Oh oui ! J’avais 10 ans, j’en ai 88 aujourd’hui. A l’époque le Grand Prix se disputait le week-end de Pâques. Nous habitions Sarlat et mon père, fan d’automobile, nous avait amenés avec lui pour découvrir le Grand Prix. Quelques années plus tard, c’est Pau que j’ai choisie sans hésiter pour mon internat des hôpitaux en me disant que, peut-être, il y aurait une place pour moi au Grand Prix. Henri Virmoux m’a nommé médecin délégué de l’organisation. Voilà comment tout a démarré…
Un souvenir marquant ?
- Parmi les plus marquants, il y a la première nocturne gratuite que j’ai imposé contre l’avis de tout le monde. Elle était noire de monde ! Ce jour-là, j’ai vraiment compris l’amour des Palois pour leur Grand Prix. Il y a aussi le premier Grand Prix Historique auquel je tenais. Je pensais l’organiser tous les deux ans, mais devant le succès André Labarrère m’a dit qu’il le voulait chaque année. Et 1987 ! Une mini-tornade a tout dévasté, un arbre a été déraciné et il est tombé sur la piste juste avant la chicane. Par chance il n’y a pas eu de blessés. Il y avait des branches partout, la pluie torrentielle avait fait bien des dégâts. J’ai pensé un instant qu’il n’y aurait plus de Grand Prix. Le lendemain ? Plus aucune trace ! Les commissaires et les services techniques avaient tout remis état, offrant une piste claire et nette.
Un souvenir particulier ?
- Aujourd’hui où on parle beaucoup de showbizz, je garde un souvenir ému du Grand Prix où j’ai eu le plaisir d’accueillir Jean-Paul Belmondo, venu voir courir son fils Paul. C’est le même Grand Prix qu’avait choisi Jean-Marie Balestre, grand patron du sport auto mondial, pour venir à Pau. Aujourd’hui ca ferait le buzz.
Un vainqueur ?
- Je n’oublierai jamais la tête de Juan Pablo Montoya lors de sa première victoire. Personne n’avait pensé qu’un Colombien pouvait gagner en F3000 et nous n’avions pas l’hymne de son pays. On a passé une partie de la course à chercher une solution. En vain. Montoya n’a pas apprécié, il avait l’œil noir sur le podium.
Votre plus beau Grand Prix ?
- Quand on est organisateur, on ne regarde pas la course, il y a tant à faire. Je ne dirai donc pas un mais des Grands Prix. Tous, en fait, lors desquels les commissaires de Pau ont prouvé qu’ils étaient plus efficaces qu’à Monaco quand il s’agit de gruter une voiture bloquée, de dégager la piste, d’assurer la sécurité. Nos commissaires sont reconnus partout, c’était une fierté pour moi.
A quoi pensez-vous sur ces 80 années ?
- Aux évolutions en termes de sécurité : le passage des bottes de paille aux rails, avec Jean-Pierre Beltoise en conseiller, puis l’installation des toutes premières caméras vidéo qui permettaient de sécuriser la piste. On a démarré avec deux ou trois, pas plus. Joël Do Vale a alors tenu un rôle essentiel. Dans le même temps, Philippe Mothe a tellement fait évoluer le plan sécurité que le centre médical de Pau était devenu l’un des meilleurs de France.
Votre endroit préféré sur le circuit ?
- La Gare. Voir débouler les F3000 à pleine vitesse de la courbe des stands pour ce freinage si fort, ça m’a toujours impressionné. Sinon, avant chaque Grand Prix, je me tenais toujours au même endroit. Debout à l’entrée des stands au lancement de la toute première séance d’essais. Quand je voyais les premières voitures débouler dans la ligne droite je me disais « ça y est, c’est parti ». Il y avait eu tant de travail pour en arriver là…