Incontournable Grand Prix de Pau
1933-2023
Lorsque le dimanche 19 février 1933, 17 monoplaces s’alignèrent au départ, il neigeait ! Les pilotes acceptèrent tout de même de disputer la course qui fut palpitante et remportée par la Bugatti 51 de Marcel Lehoux. Il inaugurait ainsi le palmarès du premier Grand Prix de Pau dans la cité. Depuis cette époque tous les plus grands noms du sport automobile sont venus disputer cette épreuve rapidement devenue mythique.
On se souviendra du grand Tazio Nuvolari au volant de son Alfa Romeo de la Scuderia Ferrari qui l’emporta en 1935. Les Français « Phiphi » Etancelin, Jean-Pierre Wimille et surtout René Dreyfus en firent de même les années suivantes. La victoire de ce dernier au volant de sa Delahaye souleva une immense ferveur patriotique car il avait battu l’invincible armada allemande des surpuissantes Mercedes en cette année 1938, chargée de lourds périls.
L’épreuve fut bien entendu suspendue pendant la guerre et il fallut attendre 1947 pour revoir les bolides et c’est la Maserati 4CL de la Scuderia Milan pilotée par Nello Pagani qui reprit le flambeau de la victoire. Puis arriva Fangio ! Il gagna en 1949, puis en 1950. Suivit ensuite la domination sans partage des Ferrari avec Villoresi en 51, Ascari en 52 et en 53.
Jean Behra enthousiasma le public palois en 1954 avec sa petite Gordini en battant Trintignant sur la Ferrari « usine ». Il récidiva au volant d’une Maserati 250F en 1955. Cette année fut marquée par l’accident mortel de Mario Alborghetti au volant de la nouvelle Arzani-Volpini. Behra triompha encore en 1957 après que la course de 1956 fut annulée en raison des travaux de modernisation.
Le plateau changea radicalement de visage dès 1958 avec l’arrivée des petites Cooper à moteur central arrière. Trintignant remporta une victoire très populaire en 1958, puis en 1959, mais s’inclina devant Jack Brabham en 1960. Ces années soixante furent marquées par la domination de l’immense champion Jim Clark qui remporta quatre Grands Prix de Pau (1961, 1963, 1964 et 1965) avec seulement sept participations.
Les pilotes adoraient venir à Pau dans les années 70 : et on pouvait voir les plus grands comme Rindt, Brabham, Hill, Stewart, Cevert, Depailler, Beltoise, Pescarolo, Laffite, Arnoux, etc. Les constructeurs français de monoplaces brillèrent souvent comme Matra vainqueur en 1968, Martini triple vainqueur en 75, 76 et 77, sans oublier la victoire historique de Richard Dallest avec son AGS JH17 en 1980.
A partir de 1985, les puissantes Formule 3000 envahirent les rues de la cité et on se souvient avec émotion des montées en régime des V8 Cosworth, Mugen, Judd ou Zytek. Trois pilotes tricolores allaient s’illustrer dans cette rude discipline : Yannick Dalmas l’emporta en 1987, Jean Alesi en 1989, et Jean-Marc Gounon en 1991. Ces superbes monoplaces furent remplacées par les Formule 3 en 1999. Les Français Tréluyer, Cochet, Derlot, Lapierre ou encore Romain Grosjean firent entendre la marseillaise pour la plus grande joie d’un public toujours cocardier dans le bon sens du terme.
Bref, vous l’aurez compris, le Grand Prix de Pau fait partie intégrante du paysage international de la course automobile depuis…90 ans. Il faut en remercier les organisateurs qui bravent depuis si longtemps une adversité changeante mais toujours présente. Cette édition 2023 est le symbole de la vivacité d’un patrimoine incontournable et tous auront plaisir à retrouver le Parc Beaumont, la statue Foch, la plongée vers l’avenue du Bois Louis, le violent freinage de la Gare puis la remontée vers le Pont Oscar et l’épingle du Lycée. Mythique vous dit-on, au même titre que le Grand Prix de Monaco. De véritables monuments !
Gérard Gamand
Rédacteur en chef du magazine Autodiva